Pluies de Juillet : "Nous avons réussi à atteindre le 100% zéro déchet"
L'objectif des Pluies de Juillet est de proposer un événement à la hauteur de l'urgence écologique et sociale. Quels sont les enjeux concrets du festival ?
Les Pluies de Juillet est un festival né en 2018 avec le souhait de parler d'écologie, des urgences écologiques et sociales, mais dans un cadre festif. Le but est d’encourager à l’action et de montrer qu’il existe des moyens d’agir. Par le lien entre ces thématiques, proposées à travers des conférences et des ateliers, mais aussi à travers cette façon d'organiser l'événement, le festif se mélange à l’engagement. Les Pluies de Juillet est un espace d'échange sur plusieurs thématiques qui nous semblent urgentes et qui nous interpellent, mais aussi sur nos stress, nos peurs, et surtout vers quoi on a envie de tendre. Cette année, la thématique plus globale du festival est “2023 : Et maintenant, on fait quoi ?”
Cette thématique est divisée quatre sous thématiques : “Vers quel horizon politique souhaitons nous tendre ?” “Quel modèle économique souhaitons nous construire ?” “Dans quel rapport au vivant souhaitons nous nous inscrire ?” et “Quelle stratégie souhaitons nous adopter pour atteindre ces horizons ?”. Sur place, on retrouve beaucoup d’associations et de mouvements locaux ou de la région. On a aussi des chercheur.euse.s et des auteur.ice.s qui proposent un discours plus global et qui situent leur discours à l'échelle plus nationale.
L’événement étant pluridisciplinaire, est-ce une manière de rassembler différents publics tout en les sensibilisant, du public concerné au plus novice ?
On essaye de toucher un public assez large. On parle effectivement à la fois à un public acquis à la cause, qui partage les valeurs voire connaissent les intervenants, et à un public plus novice sur ces questions. Notre objectif premier est d'ouvrir ce champ là, c’est la grande problématique de toutes les associations qui font de la sensibilisation : comment fédérer autour d'un projet et comment faire venir des gens qui, à priori, ne sont pas forcément sensibles à ces questions ?
C’est pour ça que la pluridisciplinarité de la programmation est importante. On a un village avec des exposants avec des ateliers à destination des adultes et des enfants, ce qui attire des familles. En venant parce qu'il y a un concert, un atelier ludique et familial, un spectacle ou une balade, le public reste, assiste à une conférence, rencontre du monde. Ainsi notre audience devient un peu plus variée en termes de convictions, de milieu ou d’âge. On a beaucoup de familles, retraités, des jeunes et des moins jeunes qui se retrouvent autour d’un verre ou d’une activité.
C’est la sixième édition de votre festival. Sens-tu des évolutions dans votre développement ?
Nous avons effectivement la sensation de fidéliser un public, mais aussi des bénévoles qui reviennent chaque année. En termes d'organisation, on essaie de plus en plus d’être vertueux d’un point de vue écologique, dans le fond et dans la forme. C’est là que nous remarquons nos plus grandes évolutions, grâce aux chantiers mis en place. Par exemple, nous avons réussi à atteindre le 100% zéro déchet, notamment grâce à une vaisselle réutilisable. Concrètement, le public mange et fait sa propre vaisselle qu’on lui prête, que nos avons récupérée dans des ressourceries.
Il y a deux ans, nous avons fait un bilan carbone afin de voir d’où venaient nos plus gros postes d’émissions. Évidemment, c’est la mobilité qui fait défaut, comme dans la plupart des événements. En ce sens et notamment depuis l'an dernier, nous encourageons un maximum de festivaliers à venir à vélo sur le site du festival. Nous avons même lancé un "challenge" vélo, et avons organisé le déplacement de festivaliers depuis Paris, Rennes ou Caen à vélo, pour faciliter leur trajet. On a une centaine de festivaliers qui se déplacent ainsi, l'idée prend progressivement.
Quant à notre offre gastronomique, elle est locale et de saison. Avec la mobilité, ce sont là deux de nos chantiers, parmi beaucoup d’autres sur lesquels on travaille.
Concernant notre équipe, nous sommes passés d’une dizaine à une trentaine de personnes impliquées à l’année. Le projet est plus collectif que jamais, et c’est vraiment une chouette chose. Au delà de la forme on voit des évolutions dans la transmission des messages, portés par nos équipes et par les publics eux-mêmes.
Le monde des festivals est un milieu qui est assez consommateur d'énergie. Quelles actions avez-vous pu mettre en place pour limiter votre propre impact environnemental ?
La taille de notre festival nous permet d’avoir un contrôle sur toute la chaîne de l'organisation, c’est un choix car on sait que passé une certaine jauge, il est plus difficile d’avoir une maîtrise totale. C'est possible pour nous de mettre en place une vaisselle réutilisable, de travailler avec des prestataires locaux. On est installé pas très loin d'une gare, donc on peut encourager le public, les artistes et les intervenants à venir en train pour limiter les déplacements en voiture.
Concernant l’énergie, nous sommes branchés sur le réseau électrique de la commune, ce qui réduit notre besoin en groupes électrogènes. Également, nous avons une politique d’achat responsables, on essaie d’acheter au minimum et nous travaillons avec des ressourceries notamment concernant notre mobilier.
Enfin, le dernier chantier est un projet de mutualisation avec d’autres festivals du territoire. Nous utilisons du matériel en commun, mais aussi nous mutualisons des questions de logistique, de transport et de stockage grâce à une banque de matériel et des commandes groupées, partant du principe que la transition écologique est une question de mobilisation générale. Une question comme ça ne résoudra que si tout le monde travaille ensemble.
Qu'est ce que tu conseillerais à d'autres organisateurs qui pourraient être sensibles à ces enjeux, qui souhaiteraient mettre en place différentes actions ?
On peut penser que mettre en place de grandes actions fait peur car ça demande de revoir toute une organisation. Pour rassurer tout le monde, il ne faut pas avoir l'impression que le changement se fait d’un seul coup. Nous, chaque année, on essaie de mettre en place des nouvelles choses : c'est au fur et à mesure qu'on avance vers un projet particulier. Ensuite, dès que l’on met en place quelque chose, on recherche à questionner l'impact, jusqu’à ne plus avoir à y réfléchir. Il faut également se demander ce qu’il set possible de supprimer : déchets inutiles, transports en avion… pouvons-nous nous en passer ? C’est pour cette raison que nous n’avons pas d’Ecocup, plus polluants à la production. En plus, ces détails ne remettent pas en question l'organisation de l’événement.