À la rencontre des organisateurs #3 - Les Scènes de Bréhat accueillent Alain Souchon
Comment est né le projet des Scènes de Bréhat ?
Ce projet était en moi depuis longtemps. Je suis arrivée sur l'île de Bréhat il y a sept ans. Je suis une passionnée de théâtre, j’en ai fait et j’ai mis en scène. J’aime aussi le théâtre en tant que spectatrice, donc c’était un point de départ. En emménageant à Bréhat, j’ai eu la frustration de ne pas pouvoir voir autant de pièces de théâtre que lorsque j’habitais à Paris. Au gré de plusieurs rencontres, l’idée de festival est née. Au début nous nous basions seulement sur le théâtre, et rapidement nous avons pensé à mélanger cet art avec la musique, et plus largement avec le spectacle vivant de manière générale.
J’ai rencontré différentes personnes, dont une comédienne, Zoé Lemonnier, qui venait de s’installer sur Bréhat. Elle m’a accompagnée dans la réflexion du projet, et va mettre en scène l’un des spectacles. D’ailleurs, elle joue dans l’une de mes mises en scène. Tout ça s’est fait assez rapidement. L’idée a dû naître fin avril 2020, j’ai rencontré les membres de l’association qui a été montée mi-juin.
Le lieu est lui aussi fondamental. À Bréhat, il y a une citadelle où se trouve l’entreprise « Les verreries de Bréhat ». C’est un ancien fort, un lieu magnifique, un décor de théâtre en soi, dans lequel il y a déjà eu des événements du type et où il est très facile d’imaginer de monter une scène de théâtre. Je suis alors allée voir les directeurs qui m’ont tout de suite dit oui en voulant que ce lieu vive culturellement. La mairie m’a soutenue elle aussi, et puis la machine était en marche. On a commencé à faire la programmation en regardant et privilégiant ce qui se fait en Bretagne.
Alain Souchon est le parrain de cette première édition : comment s’est organisée cette rencontre ?
Très rapidement, nous avons pensé à intégrer Alain Souchon à notre programmation. Ce dernier venait souvent à Bréhat. Son fils, Ours, revient lui aussi encore souvent, et est très attaché à ce lieu. Nous avons pris contact grâce à des amis d’enfance, et ils ont tout de suite dit oui. Alain Souchon nous a dit qu’il souhaitait nous soutenir en étant le parrain. Ça a été le coup d’accélérateur.
De quelle manière réussissez-vous à mélanger autant de formes d’art tout en gardant une certaine cohérence ?
Nous avons construit la programmation sur le thème de l’île. Nous avions comme point de départ plusieurs pièces de théâtre, dont L'Ile des Esclaves, une comédie de Marivaux que je mets en scène. Nous souhaitons aussi travailler avec des amateurs. En ce sens, Zoé a récolté durant tout l’hiver des témoignages de locaux ou de visiteurs. Grâce à ces retours, elle a constitué une troupe qui voulait jouer. Grâce à un travail de plateau et d'improvisation, elle a écrit une pièce sur Bréhat.
Un autre point important était aussi le jeune public. Je voulais que mon idée du théâtre et de la culture de manière générale soit accessible à tous. Il n’y a pas de frontière sociale, d’âge : il faut transmettre le virus du théâtre et de la musique. D’ailleurs, l’une de nos têtes d’affiche, Jean Christophe Spinosi, accompagné par l’ensemble Matheus, est un orchestre de musique classique qui souhaite exploser les codes pour rappeler que la musique classique n’est pas réservée à une élite. Ensuite, nous nous sommes dit qu’il faudrait des concerts tous les jours, mais aussi des spectacles créés justement pour le festival. Par conséquent, il y a désormais de l’impro, des lectures, du cirque...
Le fait d’être sur une île complique les choses ?
C’est une contrainte mais qui est force de création. Ici, il n’y a pas de voitures. Il fallait pouvoir monter les spectacles sans gros décor et avec peu de matériel, qu’on y croie grâce à la magie du théâtre et de la musique.
De plus, concernant les trajets des visiteurs, je suis allée voir une compagnie maritime qui s'appelle les Vedettes de Bréhat, ça ne pouvait pas se faire sans eux. L’idée est aussi que les gens puissent rentrer après le festival. Ils ont été un partenaire financier et proposent des billets “retour tardif”. On a créé en plus un tour de ville en scène. C’est un tour de ville comme on les connaît, sauf qu’au micro ce ne sera pas le guide habituel mais un comédien qui fera une visite décalée de l’île.
Il est important de noter tout de même que nous avons aussi été soutenus par la région Bretagne et avons eu des partenaires sur l’île. Par exemple, un hôtel nous offre des chambres pour les artistes. Notre transporteur partenaire nous a beaucoup aidé, lui aussi.
Concernant les mesures sanitaires, comment s’est faite l’évolution du projet ?
Nous avons avancé en nous disant que l’on verrait bien à quelles règles nous serions soumis. En réalité, suite aux déclarations officielles, le festival a été concrètement maintenu il y a assez peu de temps. En plus, on a de la chance car c’est en plein air, avec 500 personnes maximum, artistes et techniciens inclus. Cette petite jauge nous permet de ne pas subir les mêmes restrictions que certains grands événements. Les Scènes de Bréhat a lieu en plein air et sans pass sanitaire. Finalement, les règles seront celles que nous avons actuellement, soit le gel hydroalcoolique et le masque à l’entrée.
De combien de temps avez-vous eu besoin pour préparer le festival ?
Il nous a fallu environ un an, mais avec deux mois plus intenses. La réflexion concernant la programmation s’est faite assez calmement à la fin 2020. Ces derniers mois, nous courons après le temps et depuis plusieurs jours, nous travaillons jour et nuit. Comme nous ne savions pas si le festival allait se faire, on ne pouvait pas signer des devis pour ensuite se retrouver coincés. Cependant tout le monde a joué le jeu.
Concernant la billetterie en elle-même, comment ça s’est passé ?
Nous avons lancé la billetterie en ligne le 3 juin, assez tardivement comme c’est le cas pour beaucoup de festivals. Nous avons fait quelques ventes en physique sur Bréhat. Comme pour beaucoup d’autres festivals, le démarrage est assez lent, sauf pour le concert d’Alain Souchon qui a été complet rapidement. Il faut quand même rappeler que c’est une première édition pour nous. Il est donc primordial d’assurer la promotion de l’événement, et par conséquent nous vendons beaucoup de billets sur place en même temps que nous assurons notre communication.