La clause d'exclusivité des contrats événementiels : enjeu et débats
Qu’est-ce qu’une clause d’exclusivité ?
La clause d’exclusivité est une disposition qui, comme son nom l’indique, engendre une exclusivité entre l’artiste et l’événement auquel il participe. Plus précisément, cette clause engage l’artiste programmé à ne pas participer à d’autres événements dans un périmètre et/ou une durée défini(s) en amont.
Par exemple, une clause d'exclusivité pourrait stipuler qu'un artiste programmé ne peut pas participer à un autre événement situé à moins de 200 kilomètres pendant deux mois avant et après la date de la prestation.
Si la date de l’événement avait lieu le 17 juillet à Grenoble, l’artiste en question ne pourrait pas se produire dans un périmètre de 200 kilomètres autour de Grenoble, du 17 mai au 16 septembre de la même année.
Est-ce une clause obligatoirement stipulée ?
La clause d’exclusivité n’est en aucun cas obligatoire dans la signature d’un contrat de prestation. L’organisateur peut voir dans cette clause un intérêt, dans le sens où le public pourrait plus facilement se déplacer pour son événement si l’artiste est rare dans la zone.
Comme la plupart des mentions du contrat comme par exemple le rider artistique ou l’hospitality, l’exclusivité est négociée avec l’artiste et/ou son producteur de spectacles. Pour accepter de ne pas jouer dans une certaine zone géographique pour une durée définie, ces derniers pourraient demander un cachet plus élevé. S’il ne peut se produire dans la zone pendant une certaine durée, il pourrait y être perdant financièrement, tandis que l’organisateur imagine un plus grand nombre de ventes pour son événement.
Une clause, de plus en plus rare, sujette à débats
Dans un contexte où l’empreinte carbone est de plus en plus calculée par les organisateurs, les producteurs et les artistes, cette exclusivité fait débat. Un artiste rare en tournée, limité en dates sur sa route, engendre plus de déplacements de la part des participants à l’événement. Ce sont ces derniers qui doivent, par conséquent, se déplacer pour aller à la rencontre de leur idole.
N’est-il pas plus intéressant pour un artiste de faire plus de dates, négociées événement après événement ? Les publics pourraient choisir le ou les événements où se rendre. Dans un grand nombre de cas, la solution de proximité s’avère pour eux une meilleure option, limitant les temps et frais de route, voire de logement.
Un exemple concret de l’été 2024 est la tournée de Pomme en région parisienne. Présente à la fois à Solidays, Rock en Seine et à la Fête de l’Humanité, nous avons la preuve que l’exclusivité n’a pas été négociée pour l’artiste. Les publics étaient au rendez-vous à chaque fois, mais n’ont pas eu à faire une immense route pour voir l’artiste lyonnaise, invitée sur plus de quinze festivals durant l'été 2024.
En conclusion, la clause d’exclusivité peut se présenter comme un argument de rareté et de rentabilité (en nombre de ventes) pour l’organisateur, comme un apport financier plus conséquent pour l’artiste et/ou son producteur (date négociée plus chère). Elle pose cependant la question éthique de l’empreinte carbone, notamment concernant le déplacement des fans.