Des événements plus sûrs avec Safer
Qu'est ce que Safer ?
Safer est une organisation qui accompagne les organisateur.ice.s d'événements dans leur réflexion et leur création de protocoles de sensibilisation et de prise en charge des victimes et témoins de violences sexistes et sexuelles.
De quelle manière agissez-vous sur les événements ?
Safer est une boîte à outils mise à disposition des organisateur.ice.s d’événements. Dans cette boîte à outils, il y a trois choses :
Le site internet, centre de ressources et outil de sensibilisation pour les équipes et bénévoles à l’aide de notre MOOC. Il s’agit d’un cours en ligne créé avec plusieurs associations engagées en France pour conscientiser, réfléchir en interne et être sensibilisé·es. Ainsi, les organisations sont capables de porter les autres outils Safer sur leurs événements.
Une application disponible pour toutes les personnes présentes sur les événements qui en auraient besoin. Elle permet de se manifester en tant que victime ou témoin grâce à un système d'alerte. Il existe trois alertes : Je suis gêné.e, je suis harcelé.e et je suis en danger. Grâce à un système de géolocalisation, les bénévoles, sensibilisé·es grâce au MOOC, interviennent et désamorcent les situations, réorientent les victimes vers les professionnel.le.s présent.e.s.
Un stand directement sur l’événement. Il s’agit d’un espace de dialogue, de sensibilisation et d'écoute. C'est aussi un espace d'accueil et d'accompagnement des victimes et témoins.
Il faut faire attention avec le nom de Safer : ça veut dire “plus safe”. Nous ne pouvons pas assurer qu'il ne se passera rien, mais nous nous assurons d’être en capacité d’agir lorsque des problématiques surgissent.
Lorsqu'un événement collabore avec avec Safer, comment ça se passe ?
Il y a tout un travail en amont de l’événement avec les professionnel·les et les bénévoles. L'idée, c'est de sensibiliser et d'échanger avec les publics. Lorsque l’on travaille avec un événement, il y a des bénévoles qui sont en maraude pour s'assurer que tout va bien et intervenir en cas de besoin. Tous les bénévoles ont accès à l’application et peuvent intervenir en cas d’alerte, de manière à désamorcer la situation, mettre en sécurité la victime et gérer la personne qui est à l'origine des violences à l'aide de la sécurité notamment.
C’est donc un travail qui va bien plus loin que le simple événement.
Effectivement, nous nous assurons que l'accompagnement puisse se prolonger si besoin après l'événement. Nous travaillons avec des juristes, des psychologues, des travailleuses et travailleurs sociaux. Iels sont là pour proposer une écoute et/ou un accompagnement si nécessaire. Safer est donc présent sur le festival, mais est pensé bien en amont avec l'organisation et de manière à assister les victimes après l’événement. Également avec les équipes, Il y a toute une partie de bilan, d'échange, et de réflexion pour améliorer les actions si nous collaborons de nouveau.
Entre 2021 et 2022, on voit que le nombre d'événements et surtout de festivals avec qui vous vous travaillez a vraiment explosé. À quoi serait dû cette réussite ?
En 2021, nous avons souhaité travailler avec très peu d'événements. Ce n’était pas notre année officielle de déploiement, mais plutôt une année de test. On a accompagné cinq événements très différents entre eux, pour leur localisation, leur typologie et leurs propositions artistiques. Ainsi, nous avons pu voir comment améliorer notre proposition pour l’officialiser en 2022. Nous ne pensions pas recevoir un tel engouement.
Cette année, nous avons travaillé avec plus d’une soixantaine de festivals, dont Marsatac, Musilac, le Jardin Sonore, le Cabaret Vert ou les Nuits Sonores.
Penses-tu que Safer a permis de limiter le nombre de violences sexistes et sexuelles ?
Vu qu’il s’agit de notre réelle première année, on a très peu de recul sur ce genre d'informations. Tous les publics n'ont pas encore connaissance du dispositif et des outils, donc ne s'en emparent pas toujours. Nous remarquons par contre que Safer est un outil qui dissuade dès le moment où un festival communique sur ses engagements et ses protocoles.
Est ce que tu penses que face à des actes dangereux ou violents, la parole se libère ?
Je ne sais pas si la parole se libère, je crois surtout qu’elle n’a jamais vraiment été écoutée et que c’est justement sur ça que nous travaillons. Lorsque l’on met en place des outils avec des moyens humains et matériels, on récolte plein de témoignages, très souvent de l'ordre du passé, de choses qui sont vécues en amont, pas forcément de ce qui se passe sur des festivals ou des événements.
Pour assurer un maximum de prévention face aux violences en milieux festifs, que pourrais-tu conseiller aux organisateur·ices ?
Je pense que la première étape est de réfléchir à ses propres procédures en interne. C'est de ça que vont découler ensuite les protocoles à destination des publics. Il est question évidemment de bien s'informer, de se renseigner auprès de personnes qui sont expertes et professionnelles dans le domaine, se rapprocher d'associations sur le terrain qui militent depuis des années. Si en amont, on a réfléchi concrètement aux problématiques, on sait les identifier, les conscientiser toujours en se remettant en question. Ensuite, on peut mettre en place des actions. Il y a plein d'autres outils à créer pour toujours aller plus loin. Ensuite, il est fondamental d’établir des bilans avec les personnes concernées pour améliorer encore la prévention.
Comment s’annonce la suite de Safer ?
Notre volonté avec Safer serait d’accompagner d’autres organisations du moment qu’elles accueillent du public. Ces problématiques sont de partout, et nous avons à coeur de proposer nos outils à toustes. Nous sommes actuellement en train de repenser le dispositif, pour que la solution technique puisse évoluer, aussi pour qu’il soit adapté à nos nouveaux partenariats. On a ainsi pu tester le dispositif aux côtés de BDE et d’organisateur·ices de soirées, et espérons pouvoir continuer sur cette lancée.