Festivals et jeux olympiques : un an pour faire la différence
La sécurité des Jeux Olympiques, avant celle des événements culturels ?
« Fixer un cadrage global qui permettra de concilier culture et sport à l’été 2024. » Voilà les mots prononcés par la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak pour Le Parisien. Cette dernière, présente aux BIS en janvier 2023, revient sur les propos du ministre de l’Intérieur qui disait il y a quelques mois que les festivals « devraient faire des efforts », sans toutefois les concerter au préalable.
En effet, la question de la sécurité des Jeux Olympiques impose la mobilisation d’effectifs habituellement nécessaires à la bonne tenue des événements. Entre la cérémonie d’ouverture, les Jeux Olympiques et Paralympiques, ce sont plus de dix semaines de mobilisation des forces de l’ordre et de sécurité qui sont à prévoir.
Découvrez le communiqué de presse du gouvernement, daté du 14 décembre 2022, concernant la Sécurisation des événements culturels et sportifs de l’été 2024.
Un calendrier en quatre phases
Selon les dernières informations en date de janvier 2023, plusieurs phases sont à prévoir pour le secteur culturel, et notamment les festivals.
Du 23 juin au 17 juillet 2024 :
Les festivals seront maintenus, en essayant autant que possible de limiter les moyens nécessaires à leur sécurisation.
- Le Festival d’Avignon a déjà annoncé s’adapter à ces dates de manière à commencer le 29 juin 2024, et ainsi ne pas chevaucher les dates des Jeux Olympiques.
Du 18 juillet au 11 août 2024 :
Aucun événement culturel, sportif ou festif d’ampleur nécessitant l’engagement d’unités de forces mobiles (UFM) ne pourra avoir lieu. Cependant, les événements de taille plus raisonnable devraient pouvoir se maintenir, sécurisés généralement de manière départementale ou locale, une nouvelle fois en limitant autant que faire se peut les moyens.
- Cette période couvre de gros festivals, notamment les Vieilles Charrues, le Lollapalooza de Paris ou encore les Francofolies de La Rochelle. Ces derniers devraient être maintenus, tout en s’adaptant à cette règle. Il semblerait que les Vieilles Charrues aient déjà annoncé l’avancée d’une semaine du festival, pour avoir lieu du 11 au 14 juillet, soit avant les festivités des JO.
Du 12 au 23 août 2024 :
Cette période fait le pont entre les Jeux Olympiques et les Jeux Paralympiques. La plupart des événements nécessitant des unités de force mobiles ne pourront toujours pas avoir lieu, sauf avis contraire et après décision au niveau national. Les événements ne nécessitant pas ce type de force pourront quant à eux être maintenus, toujours avec la limitation des services de sécurité.
Du 24 août au 8 septembre :
Cette période couvre la tenue des Jeux Paralympiques. Au même titre que lors des Jeux Olympiques, pas de tenue d’événements d’ampleur nécessitant des services d’UFM. Les événements plus locaux et à ampleur réduite pourront quant à eux se tenir en limitant l’usage de forces de sécurité.
Quelles sont les conséquences pour les festivals ?
Ces consignes, limitant l’action des gros festivals sur la période estivale, laissent place à de grandes questions. Les festivals vont-ils réellement pouvoir se faire ? Certains événements travaillent à l’obtention d’artistes des mois, voire plus d’un an à l’avance, et il ne serait pas surprenant que certains festivals, à l’image de la Nuit de l’Erdre (logiquement non affecté par un changement de date) ou des Eurockéennes, aient déjà quelques noms en tête pour 2024.
Une autre problématique reste celle de la concurrence entre événements. Si le festival des Vieilles Charrues décide d’avancer sa date, il se tiendra en même temps que d’autres gros événements français, à l’image de Musilac ou des Déferlantes. Certains publics pourraient se retrouver confrontés à des choix cornéliens, compliquant la vente d’entrées de certains événements. À cela, ajoutons le problème des tournées des artistes. Ces derniers ne pouvant généralement faire qu’une date par jour, pourraient se retrouver sans concerts pendant une longue période habituellement chargée.
Enfin, pensons à la sécurité en elle-même. Les Jeux Olympiques représentent un événement mondial majeur, imposant un réel besoin en termes de sécurité : rappelons qu’en janvier 2023, le plan Vigipirate est toujours placé au niveau « sécurité renforcée - risque d’attentat ». Il ne faut toutefois pas oublier la sécurité des festivals, confrontés à différents types de dangers (alcool, mouvement de foule, menaces extérieures...)
Quelles solutions, dans ce cas ?
La ministre de la Culture a déjà annoncé que “des solutions sont d’ores et déjà trouvées pour la plupart de ces évènements afin d’assurer leur tenue pendant l’été 2024”. Reste encore en suspens le cas des grands festivals parisiens, qui devront peut être aller jusqu’à déplacer leur événement. Réponses dans quelques mois.
Le changement de dates concernant certains événements semble l’option la plus judicieuse, pour proposer des éditions de qualité sans lésiner sur la sécurité. Une grande concertation entre festivals permettrait probablement d’étaler la saison des festivals permettant la tenue d’une grande partie d’entre eux, en limitant au maximum les risques de concurrence et sans écraser les événements plus petits.
Quant aux événements ne nécessitant pas un service de sécurité aussi imposant que les Vieilles Charrues, ils pourraient devoir se tenir de manière à faire vivre le secteur, mais aussi pour les publics. Il est évident que tout le monde ne souhaite pas rester devant un écran pendant toute la durée des Jeux Olympiques et que la culture estivale est plus que nécessaire. Proposer une programmation qualitative dans des événements à taille raisonnable et aux besoins modérés en termes de sécurité, voire proposer des cycle de concerts, est une réponse évidente au besoin de culture.
Dans tous les cas, les festivals et le gouvernement devraient continuer à discuter dans les prochains mois pour convenir de la tenue ou de l’adaptation des événements, et surtout des festivals, déjà bien affectés par la crise.