Les festivals et les “bonus day” : bonne ou mauvaise idée ?
De grandes journées prestigieuses
Depeche Mode, Céline Dion, Muse, Rammstein… Nombreux sont les artistes qui attirent autour d’une journée spéciale dans les événements français. Cette année par exemple, Billie Eilish ouvre les festivités à Rock en Seine le mercredi 23 août.
Les programmateurs savent qu’avec ce genre d’artistes, assez rares en France, le pari est rapidement gagnant. Aux Vieilles Charrues, l’exemple de Céline Dion est flagrant, avec “les 5000 pass pour la journée écoulés en deux minutes”. En s’éloignant d’une programmation plus éclectique, les organisateurs misent sur un format plus proche du concert traditionnel, avec une ou plusieurs premières parties, et une tête d’affiche. Lors de cette journée, très souvent, il n’y a en effet que quelques artistes (entre deux et cinq, rarement au-dessus de dix) et toutes les scènes ne sont pas ouvertes.
Au final, il s’agit là d’offrir une expérience inédite pour le festival, qui se transforme en concert géant de l’artiste, sortant du format traditionnel de l’événement.
Un pari souvent gagnant
Bien que ce nombre d’artistes soit plus limité, les publics répondent souvent. Dans ce concept de jour supplémentaire, le public cible du festival se mélange au public cible de l’artiste, attirant techniquement plus de monde.
Dans une période où les concerts en salle sont souvent plus rares compte tenu de la météo et du nombre de festivals d’été, il s’agit là d’une réelle opportunité pour l’artiste de tourner dans un format où il est la vedette, comme ce serait le cas dans une Arena. Pour le festival également, il s’agit là d’une aubaine : beaucoup d’artistes tournent dans la plupart des festivals français (nous en parlions lors de notre bilan des festivals d’été 2022) et il est parfois difficile de se différencier. Grâce à cette tête d’affiche, souvent exclusive sur le territoire français, le festival se démarque et attire un public plus global, venant parfois de plus loin.
Une tarification spéciale, et rentable ?
D’un point de vue organisationnel, cette journée est différente des autres à bien des enjeux. Déjà, le cachet de cet artiste est logiquement plus élevé. Par conséquent, les offres tarifaires concernant ce jour spécial ne sont pas toujours les mêmes que pour les autres jours.
Pour Rock en Seine, les pass 1 jour pour le mercredi (jour de Billie Eilish) se vendent à partir de 89€. Les autres pass se vendent à partir de 79€ (sauf offres). Par ailleurs, il n’existe pas de pass donnant accès aux quatre jours (les pass 3 jours sont valables du vendredi au dimanche).
Dès le tarif, nous remarquons que cette journée n’est pas “comme les autres”, avec un prix plus élevé pour un nombre plus faible d’artistes. Pourtant, il n’est pas rare que ces journées soient parmi les plus rentables pour l’organisateur.
L’objectif de l’organisateur est toujours d’atteindre au moins le “Break Even”, c’est-à-dire ce point de balance entre les recettes et les dépenses. Cette journée, souvent parmi celles qui attirent le plus de l’édition et ce malgré un prix plus élevé, a donc son importance dans la stratégie, notamment financière, de l’organisateur.
Différents festivals, différents systèmes
Le “bonus day”, ou journée supplémentaire, entre dans la stratégie de l’organisateur qui cherche à rendre plus visible son festival et augmenter son public cible. Très souvent, ces journées se situent en début ou en fin de festival (mercredi, jeudi, voire dimanche ou lundi). C’est le cas de la Nuit de l’Erdre, qui propose sa plus grosse tête d’affiche (Indochine), le jeudi. Cette journée est effectivement la plus onéreuse, mais c’est bien elle qui affiche complet en premier.
Il existe autant de systèmes que de festivals : l’intérêt de cette journée est qu’elle porte, grâce à un artiste, la stratégie de tout l’événement, aidant à la réussite financière de l’édition.